Le journal du réseau Accueil Paysan – Hiver 2020-2021 – N°43
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Mon engagement à Accueil Paysan
J’ai adhéré à Accueil Paysan dès le début de notre activité d’accueil. Par son projet politique et ses valeurs, c’était la seule marque avec laquelle je sentais des affinités et des intérêts réciproques. Que m’apporte donc Accueil Paysan et inversement ?
Dès la première année, je me suis investie dans le bureau départemental, en tant que secrétaire, puis trésorière et enfin, jusqu’à ce jour, en tant que coprésidente. L’association AP 30 regroupe dix adhérents. Nous avons fait le choix il y a quelques années de fonctionner collégialement. Tous les adhérent.e.s, sont donc à ce titre, coprésident.e.s.
À l’assemblée générale 2019 d’AP Occitanie, je me suis engagée avec Véro et Patricia dans la fonction de coprésidente. Notre rôle est d’accompagner, de soutenir la mise en œuvre des actions portées par notre salarié Armand, et d’imaginer avec le CA, des orientations à visée plus régionale.
Enfin, je viens de renouveler mon mandat d’administratrice au collectif de la FNAP, poste que j’occupe déjà depuis trois ans. Au collectif, je suis référente de la commission culture, mais également référente pour la région Occitanie aux côtés de Pierre Jean Bartheye.
Je ne cherche pas le cumul de fonctions, loin de là. Mais, alors pourquoi ? Outre le fait d’avoir été sollicitée, il est vrai qu’exercer un engagement à différents échelons offre une meilleure connaissance du réseau, des particularités des territoires, etc. Bref, cela permet de mieux connaître ce qui fait la spécificité d’Accueil Paysan.
Mes différentes missions se conjuguent, se complètent et s’enrichissent mutuellement. Elles me permettent d’appréhender les projets soutenus par AP de manière plus globale.
Certes, cela prend du temps et par moments… beaucoup de temps ! Mais, pour moi, c’est ma façon d’incarner mes valeurs d’entraide, de solidarité, de résistance, etc., et de les mettre au service d’un projet de société qui fait sens.
Pour celles et ceux qui s’interrogent sur « que faire pour participer au changement ? », s’engager à Accueil Paysan est une voie. Nos engagements, de plus en plus nombreux, permettront de donner plus de poids à Accueil Paysan et de fait, une plus grande visibilité pour développer la fréquentation de nos accueils (tourisme, social, pédagogique, produits, activités, etc.). Voilà un véritable cercle vertueux au service de toutes et tous, où chacun.e peut jouer un rôle. À vous de le choisir…
Marie Gimenez, adhérente à Accueil Paysan depuis 2003, vivant dans les Cévennes gardoises (30) et pratiquant l’accueil en gîtes et chambre d’hôtes dans une démarche écotouristique.
Appel à candidatures au Collectif FNAP
Lors de la dernière assemblée générale de la FNAP, quatre nouveaux adhérents sont venus rejoindre le collectif, portant à dix-sept le nombre d’administrateurs, alors que les statuts en prévoient vingt-six.
Parmi les renouvellements, trois personnes ont précisé ne pas aller jusqu’au bout de leur mandat de trois ans. Elles poursuive néanmoins leur engagement parce que, je cite : « elles ne souhaitent pas laisser Accueil Paysan au milieu du gué ». Cette année supplémentaire servira de tuilage pour accompagner les administrateurs à prendre en charge la relève de deux coprésidents et du référent de la délégation « projet de développement ». Donc, malgré quatre nouveaux administrateurs, le collectif est toujours à la recherche de nouveaux adhérents motivés pour rejoindre le conseil d’administration. Il a été voté dans les orientations de la vie associative, d’animer ce collectif avec seulement deux réunions physiques par an. Les autres, programmées toutes les six semaines, se feront sur un créneau de deux heures en réunion téléphonique, hormis juillet et août. Nous sommes effectivement bien conscients que le temps manque à tous.
Il a été décidé, toujours lors de l’AG, de permettre à de nouveaux candidats de se présenter lors des rencontres nationales, prévues au printemps prochain (courant mars) en Savoie. L’élection des nouveaux candidats se fera dans le cadre d’un temps d’AG défini.
Pourquoi rejoindre le collectif ?
J’ai toujours considéré que dans le milieu associatif, on ne peut pas toujours compter uniquement sur les autres, et qu’il est important de « faire sa part ».
S’impliquer dans le collectif, c’est une façon d’avoir un regard plus large, plus ouvert sur ce qu’est le mouvement Accueil Paysan et ainsi, participer à ce que l’on souhaite qu’il devienne.
Comme mentionné dans un autre article, Accueil Paysan est porteur d’un projet politique, qui, par ses valeurs et les idées qu’il défend, participe à un changement de société plébiscité par de nombreux citoyens. Je considère donc comme une chance de m’impliquer dans ce changement.
Pour finir, sur le plan humain, les rencontres sont des moments de création de lien social, d’échanges et de confrontations d’idées qui enrichissent ce que je suis (même si nous ne sommes pas toujours d’accord sur tout).
C’est une riche expérience, à tenter et à partager…
« L’Avenir n’est pas ce qui va arriver, mais ce que nous allons faire » Henri Bergson – Philosophe
Faites-vous connaître auprès de Pierre Jean Bartheye 06 81 31 70 02 ou Marie Gimenez 06 76 20 96 34
On compte sur vous !
Merci
Marie Gimenez – AP30
Confinés, mais pas que !
Les vacances, c’est aussi près de chez soi ! La saison touristique était terminée : à nous donc les « accueil paysan » de partir en vacances ! Nous avions choisi une île bretonne, la tempête, les embruns, l’iode, la rudesse des éléments et puis… « restez confinés » qu’il a dit ! Qu’à ne cela ne tienne, nous nous sommes donc fabriqués des vacances à la maison ! Nous avons la chance, pour beaucoup, d’habiter en milieu rural, en pleine cambrousse ; alors finalement nous nous sommes dit que si les gens viennent chez nous, ce n’est pas pour rien ! Nous sommes donc partis à la recherche de tous les p’tits coins ou p’tits chemins que nous n’avions pas eu le temps encore d’explorer et quelle richesse ! L’espace d’un moment aussi, nous étions en toute liberté, à humer le bon air, en roue libre, petite parenthèse entre nos vergers et nos confitures…
Les vingt kilomètres à la ronde, autorisés pour les « chercheurs » d’air et de liberté nous ont donc permis de faire à nouveau de belles découvertes à vélo (certes électrique, le Lot ce n’est pas plat !). Le petit patrimoine bâti est très riche dans notre département, et il n’est pas rare, au détour des chemins, de tomber sur de petits écrins historiques de toute beauté : dolmens du néolithique, gariottes (ou bories ou cazelles) qui sont de petites constructions en pierres sèches du début 19e pour abriter les bergers du Causse, le lac de Saint-Namphaise (pièce d’eau dans la roche recueillant les eaux de ruissellement des chemins ou égouttement du relief en amont), les cloups, ces lopins, parcelles ou enclos entourés de pierres calcaires bâties en « nid d’oiseau », couronnés de plus grandes pour protéger le mur des gelées hivernales… À l’époque, on disait encore : « il gèle à pierre fendre ! » À découvrir également, les anciennes phosphatières qui ont permis la mise au jour de fossiles. Le Quercy est ainsi la seule région au monde où l’on connaît l’évolution de la faune et des climats sur plus de trente millions d’années…
Véronique GAULT — Girma — AP Lot
Pas à pas vers un accueil social dans le Lot
Adhérents depuis un an et demi, Véronique Galilé et Jocelyn accueillent en tant qu’acteurs ruraux et cotisants solidaires sur leur lieu, La Calprade ,à Peyrilles dans le Lot. Ils pratiquent l’élevage de chiens et d’alpagas, et ouvrent leurs quatre gîtes aux touristes désireux de partager leur passion des animaux.
Depuis quelque temps, Véronique avait émis le souhait d’étendre son activité d’accueil, avec un fort désir de recevoir des jeunes en difficulté, mineurs ou jeunes majeurs.
Le Lot n’étant pas encore structuré ni compétent pour accompagner cette démarche, la Calprade a su toquer aux bons endroits et rencontrer les bonnes personnes, en passant d’abord par notre référente régionale salariée, Marie Coupet, en participant à la dernière réunion nationale en visio animée par Adrien des Pays de la Loire, salarié référent en accueil social. Vingt-huit adhérents participaient à cette visio !
Véronique est prête pour la prochaine rencontre-formation sur l’accueil social. Elle est assistante maternelle agréée depuis quelques années, et assistante familiale par l’ASE du Lot. Elle était auparavant éducatrice auprès de jeunes toxicomanes et avec José, anciens éducateurs dans leur propre lieu de vie auprès de mineurs délinquants.
Ce rendez-vous était le bon moment pour faire le point dans le Lot et partager en petits groupes nos avis, nos interrogations sur l’accompagnement des nouveaux ou futurs porteurs de projets. Nos échanges ont rejoint le sujet déjà débattu lors de notre assemblée générale d’Occitanie à Limoux, à savoir, comment ne pas dissocier notre métier de paysan de celui de travailleur social quand on décide d’être momentanément, ou à plus long terme, un parent symbolique pour un jeune ou une personne adulte en difficulté ?
Doit-on se présenter comme uniquement paysan et laisser le travail socio-éducatif aux éducateurs référents ou l’institution ? Doit-on au contraire se former, animer des groupes de paroles, réaliser de la supervision pour déposer, auprès de professionnels dédiés à l’écoute psychologique, nos doutes, nos demandes ?
Nous avons donc accueilli ce soir-là à Pech Larive, Laurence, du Gers, adhérente-référente en accueil social pour l’Occitanie qui elle, accompagne surtout par choix des adultes en difficulté ; Gervaise, amie d’Accueil Paysan, retraitée paysanne, mais également ancienne psychologue ; Dominique, éleveur de brebis et accueillant sur le chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle, qui nous fait partager sa rencontre avec l’association SEUIL (le concept : partir marcher en tant qu’éducateur, seul.e avec un.e jeune en rupture) ; et enfin Véronique et José, paysans-confituriers et accueillants depuis vingt ans sur la ferme (gîte et chambres d’hôtes). Les échanges étaient riches et chacun a apporté son expérience, raconté des anecdotes, pas toujours drôles, mais souvent touchantes…
Le lendemain, visite donc de Laurence à la Calprade pour faire le premier pas avec Véro vers son nouveau souhait d’accueil. Encore une fois, il faut bien prendre le temps ensemble de préciser le projet, les motivations, les difficultés, les conséquences familiales possibles, l’habitation propice ou non à la proximité quotidienne, le mélange de populations dans l’accueil, ainsi que la disponibilité de chacun par rapport aux activités liées à la ferme ou la production.
On avance à petits pas, en veillant à ce que chacun soit en phase avec son projet et que nous restions en tant que réseau paysan bien à notre place. Nous nous devons d’être exigeants tout en laissant le libre arbitre à nos adhérents. Et encore une fois, c’est dans l’échange que ça peut se faire ! C’est riche en émotions, ça grince un peu quelquefois, mais ça a le mérite d’être vivant dans une période où le rapprochement n’est pas de mise !
Véronique GAULT — Girma — AP Lot
Communiqué de presse
Le geste positif de Vivéa doit maintenant profiter à tous les candidat.es à l’installation
Lors de son conseil d’administration ce 9 décembre, le fonds d’assurance formation Vivéa a décidé de supprimer le plafond annuel du crédit formation pour les porteurs de projet. Ce plafond correspondait jusque-là à 2 000 euros par personne dans le cadre du parcours officiel à l’installation en agriculture. Le plafond de ce crédit est par ailleurs rehaussé de 250 euros pour les autres contributeurs.
Cette décision est une victoire pour la Confédération paysanne et une véritable avancée pour tous les candidat.e.s à l’installation, aujourd’hui et demain ! En 2018, Vivéa avait en effet décidé, avec le soutien du Ministère de l’Agriculture, de plafonner l’accès à la formation des contributeurs.trices. Depuis, les porteurs de projet butaient en permanence sur ce plafond et avaient des difficultés à se former correctement.
Cette réforme de 2 018 du Vivéa avait aussi eu pour conséquence de supprimer le dispositif « d’émergence » destiné aux candidats à l’installation avant leur entrée dans le parcours officiel d’installation. Ce dispositif permettait un accompagnement lors de la phase déterminante de réflexion et de maturation d’un projet agricole en amont de l’installation. La Confédération paysanne s’était alors fortement mobilisée pour dénoncer une décision inacceptable dans un contexte où le nombre d’actifs agricoles ne cesse de s’effondrer et que 45 % des paysans vont cesser leur activité d’ici 2026 (1).
Fort de cette décision, la Confédération paysanne appelle Vivéa à aller au bout de sa démarche et à réinvestir la question de l’émergence. Trop nombreux sont celles et ceux qui renoncent à l’installation faute d’accompagnement et de formation.
Rappelons que Vivéa est un outil financé par les paysan-ne-s et à leur service, or la grande majorité d’entre eux est préoccupée par la question de la transmission, et confrontée à la difficulté à trouver des repreneurs. Refuser de financer la formation de potentiels candidat.es, même encore éloignés de l’installation, est un non-sens pour l’accès au métier, pour les futurs cédants, pour l’emploi et le dynamisme de nos territoires.
(1) Avis du CESE, « Entre transmettre et s’installer, l’avenir de l’agriculture », 2020, https://www.lecese.fr/sites/default/files/pdf/Fiches/2020/FI10_avenir_agriculture.pdf
La Confédération paysanne
AGRICULTURE PAYSANNE ET ÉCOFÉMINISME
Tous les cinq ans depuis l’année 2000, des féministes du monde entier, sous l’impulsion de la Marche mondiale des femmes, unissent leurs forces pour marcher ensemble avec l’objectif commun de construire un monde basé sur la paix, la justice, l’égalité, la liberté et la solidarité. Pouvoir se nourrir, produire, être rémunérée pour son travail, autant d’actions indispensables pour y parvenir. Ces objectifs sont toujours au cœur des luttes des femmes, notamment en Afrique, Amérique du Sud et au Moyen-Orient.
Dans le cadre de cette cinquième marche, un forum féministe a eu lieu à Toulouse en septembre dernier. À l’heure où la terre et les femmes crient la violence qui leur est faite, l’écoféminisme était une évidence au cœur de cet événement… Déjà, en 2018, trois femmes d’Occitanie, Marine Allard, Lucie Assemat et Coline Dhaussy avaient réalisé un documentaire Ni les femmes ni la terre ATTENTION A GARDER L’ITAL ! sur les luttes de femmes pour la préservation des corps et du territoire en Amérique du Sud.
Économiste bien connue des milieux altermondialistes, Geneviève Azam est intervenue à ce forum, montrant combien de chemin avait été parcouru pour ne plus opposer progrès pour l’humanité et nature. C’est à partir d’extraits de cette intervention et de témoignages d’adhérentes d’Accueil Paysan de Haute-Garonne et du Gers qu’a été réalisé ce film, qui ouvre quelques réflexions sur l’écoféminisme. Ces témoignages de porteuses de projet permettent de visibiliser une pluralité de femmes qui agissent, abordent le sens de leur choix de travailler en milieu rural, l’indépendance à la clé.
Voici le lien pour le visionnage : https://youtu.be/GzAVRGIwons
Laurence Sruh, adhérente Accueil Paysan Gers